Trisomie 21 et emploi

Le diagnostic de trisomie 21 vient d’être posé. Vous vous posez une multitude de questions sur ce qui vous arrive, sur la vie de votre enfant, sa santé, son futur, son avenir professionnel… ? Sera-t-il capable d’être autonome et de travailler comme tout le monde ? 

L’inclusion des personnes porteuses de trisomie 21 dans le monde du travail

Grâce aux nombreux progrès de la médecine et au suivi paramédical régulier, l’espérance de vie des personnes porteuses de trisomie 21 dépasse aujourd’hui en moyenne les 50 ans (contre 10 à 20 ans au début du XXème siècle). Il est fort probable qu’une personne trisomique sur 10 vivra jusqu’à 70 ans dans les prochaines années. La question de l’emploi se pose donc. 

L’inclusion dans le monde du travail reste encore compliquée pour les personnes porteuses de trisomie 21. Cependant, nous pouvons heureusement observer qu’une part croissante d’entre elles réussissent aujourd’hui à intégrer le milieu professionnel ordinaire ou adapté, comme par exemple des restaurants, des Établissements d’aide et service par le travail (Esat)…. 

Découverte du Café Joyeux à Lyon

Nous sommes partis à la rencontre de Café Joyeux, une famille de cafés-restaurants qui forme et emploie des serveurs et cuisiniers porteurs d'un handicap mental ou cognitif (qu’on appelle les équipiers “joyeux”). Ces équipiers “joyeux” sont en apprentissage et ont 3h de formation par semaine, ce qui leur permettra d’obtenir un diplôme à la fin de l’année ! 

Ce jeune café restaurant est déjà ouvert dans plusieurs villes françaises (Paris, Lyon, Rennes, Bordeaux) et a d’autres projets de développement sur le territoire pour les mois et années à venir !(https://www.cafejoyeux.com/fr/)

Interview de Blandine, une des manager du café 

Pouvez-vous vous présenter et nous dire ce que cela vous apporte de travailler avec des personnes porteuses d’un handicap mental ?

“ Je m’appelle Blandine et je travaille depuis plus de 8 ans dans le milieu du handicap, ayant une formation d’éducatrice. 

Les personnes handicapées sont sans filtre et d’une simplicité impressionnante, ce qui nous apprend beaucoup sur la simplicité de la vie.

Gérer un café avec ces personnes nous apprend à travailler avec un autre rythme, une autre manière de vivre. Il faut être organisé, ces personnes ont besoin de cadre et cela nous demande beaucoup de rigueur. Il peut y avoir des imprévus et des changements et il faut les accompagner au mieux, ce qui nous fait tous grandir !  

Avec des personnes handicapées, on rit beaucoup, il y a une grande joie chez eux. ”

Comment se passe la cohésion entre vous et les équipiers au quotidien ?

“ Entres manager, il faut beaucoup communiquer entre nous pour qu’il n’y ait pas de quiproquos. Il faut qu’on ait le même discours sur les mêmes détails.

Entre les managers et les équipiers, il y a une très bonne cohésion, les équipiers sont à l’écoute, ils sont de plus en plus à l’aise dans leur tâches, ils prennent des initiatives etc. Il y a une bonne relation entre nous et eux. ” 

Pensez-vous que les personnes handicapées sont assez incluses dans le monde du travail ?

“ Je pense que les personnes porteuses d’un handicap mental (donc visible) ne sont pas assez incluses dans le monde du travail. Le but du café joyeux est de mettre en avant le handicap mental et visible, dans une entreprise qui est ordinaire ! “

Connaissez-vous d’autres initiatives qui embauchent ces personnes ? 

“ Il y a les ESAT (établissement médico-social de travail protégé, réservé aux personnes en situation de handicap et visant leur insertion ou réinsertion sociale et professionnelle), et d’autres cafés restaurants implantés dans certaines villes. Mais je ne connais uniquement Café Joyeux qui est une famille et qui est implantée dans plusieurs villes. ”

Interview Julien, équipier porteur de trisomie 21 qui a 27 ans

“ Je travaille au café joyeux depuis janvier, dès l’ouverture du Café Joyeux à Lyon. Avant, je travaillais dans des ESAT, mais je préfère travailler à l’accueil et pouvoir échanger avec les personnes. 

Ici, ce que j’aime le plus, c’est faire le service des cafés, des bières et prendre les commandes des gens. J’aime beaucoup discuter avec les gens qui viennent. Parfois aussi je suis à la plonge et ça se passe bien. Je m’entends bien avec la plupart de mes collègues et il y a une bonne ambiance. ”

Interview Alix, équipière porteuse de trisomie 21 qui a 22 ans

Depuis combien de temps travailles-tu au Café Joyeux et qu’est ce que tu faisais avant ?

“ Je travaille au Café Joyeux depuis janvier, avant je travaillais dans le milieu protégé en ESAT. 

J’aimais bien aussi mais je préfère mon expérience chez Café Joyeux. C’était mon rêve de travailller dans la cuisine, j’aime beaucoup ! ça me permet de parler avec les gens qui viennent dans le café. Je crée du lien avec eux, et c’est génial. ”

Qu’est ce que tu préfères faire dans ta journée de travail ?

“ Dans la journée ce que je préfère faire c’est le service et surtout l’accueil. Au début ça me faisait très peur mais finalement c’est quelque chose d’incroyable. On est là pour les gens, pour leur montrer notre joie et nos compétences ! C’est un beau cadeau du ciel de pouvoir les accueillir !! Grâce à ça, je créée du lien avec les gens et je me fais des amis ! Les gens sont dans la bienveillance, et c’est le plus beau cadeau que j’ai eu depuis que je travaille ici !! J’adore parler avec les gens, les accueillir dans la musique. ” 

Te sens-tu incluse dans la société en tant que personne porteuse d’un handicap ? 

“ Dans la société en général, je me sens apeurée en tant que personne porteuse de handicap. Grâce à mon travail chez Café Joyeux, je veux montrer que malgré mon handicap je suis capable ! J’aimerais dire à tous les gens d’être plus doux et délicats envers les personnes handicapées. ” 

Que veux-tu dire aux gens qui liront cet article ? 

“ On est différent mais on peut travailler. Ce n’est pas par ce qu’on a un handicap qu’on ne peut pas travailler dans un endroit qui nous donne envie ! On n’y peut rien d’être handicapé. 

On peut réaliser son rêve ! On veut montrer aux autres qu’on est capables de travailler, ce n’est pas parce qu’on a la trisomie 21 qu’on ne peut pas travailler. Même si c’est compliqué, il faut prouver aux autres qu’on peut travailler.” 

Merci à toute l’équipe du Café Joyeux de Lyon de nous avoir consacré ce moment, bravo pour leur travail et cette magnifique initiative ! 

Si vous venez d’apprendre que votre enfant ou futur enfant porteur de trisomie 21 et que vous êtes inquiets concernant son futur et son avenir professionnel, nous espérons que cet article vous aura appris des choses et montré que de belles initiatives se créent !